Vincent Cuomo
Promenons-nous dans
les bois...
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Promenons-nous dans les bois...
Auteur : Vincent Cuomo
Catégorie : Policier
Marie
Nicolas
Une pluie battante pour accueillir leurs pas pressés.
Où vont-ils, perdus ainsi dans leurs pensées ?
Leur destin est en marche.
Licence : Licence Creative Commons (by-nc-nd)
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/
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La pluie redoublait d'intensité. C'est dans des moments comme celui-là
que Marie regrettait de ne pas avoir eu le cran de passer son permis de
conduire. En plus, avec cette grève des transports en commun, elle allait
devoir se farcir le trajet à pied. Quasiment cinquante minutes par la route, à
peine un quart d'heure par la piste traversant les bois. Son choix avait été
vite fait au vu des conditions climatiques.
C'est la première fois qu'elle empruntait ce trajet le soir. Elle n'aurait
jamais imaginé que, sans éclairage, il y faisait si sombre. Elle ne voyait
même pas les flaques vers lesquelles ses pas semblaient sans cesse se
diriger cyniquement. Et dire qu'elle allait courir sur ce chemin en journée,
elle aurait bien été en peine de savoir où elle se trouvait en ce moment.
Même les statues longeant le chemin étaient invisibles... Les lumières des
amphithéâtres de l'université toute proche étaient déjà loin derrière elle.
Elle se serait crue perdue au milieu de nulle part si elle n'avait croisé un
joggeur - il est complètement taré, pensa-t-elle - dont la présence ne lui
avait été révélée que par le « bonsoir » qu'il lui avait adressé.
L'homme avec qui elle avait rendez-vous lui avait paru bizarre au
téléphone, non qu'il ne l'ait jamais été, mais cette fois, sa voix trahissait
une émotion inhabituelle... Et puis, pourquoi avoir fixé un rendez-vous en
bordure de forêt à vingt heures, près du centre sportif universitaire ? Et
pourquoi ne pas être venu la chercher chez elle ? Non, décidément, elle
avait à coeur de percer ce mystère...
Grelottant de plus en plus au fur et à mesure que son manteau
s'alourdissait sous les coups de butoir de la pluie, elle espérait qu'il serait à
l'heure au rendez-vous. Elle avait prêté son GSM à sa mère. Elle était donc
injoignable au cas où il déciderait d'annuler ce rendez-vous en dernière
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minute. Par ailleurs, les affaires importantes qu'elle avait à régler dans les
prochains jours voulaient qu'elle ne tombe pas malade !
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Nicolas marchait depuis dix minutes sous le ciel de plus en plus
déchaîné. Très superstitieux, cela ne l'incitait pas au plus grand des
optimismes concernant sa soirée. Sa voiture était tombée en panne la
veille, les bus étaient en grève. Comme par hasard, le seul jour de l'année
où il en aurait eu besoin... Non c'en était trop, jamais il ne serait à vingt
heures au centre sportif. En plus, quel était l'imbécile qui avait eu l'idée de
créer une piste macadamisée à travers bois mais sans éclairage ?
Impossible de courir dans ce noir absolu. Une fois de plus, l'entrepreneur
n'avait pas réfléchi plus loin que le bout de son nez ! Et les gens qui
travaillent ? Quand pouvaient-ils venir faire un jogging en toute sécurité ?
En automne et en hiver, ce n'était même pas la peine d'y penser ! Et après,
le gouvernement viendrait encore dire qu'il y a trop d'obèses dans le pays...
Quand les événements ne s'enchaînaient pas comme il le souhaitait,
Nicolas avait une fâcheuse propension à râler sur n'importe quel sujet... Un
comportement typiquement belge lui avait reproché sa copine. Elle le
trouvait quelques fois assez étrange, de sorte qu'en sa présence, il tentait le
plus possible de masquer ce trait de sa personnalité. Marie avait quelque
chose en plus que ses précédentes conquêtes. Il était bien décidé à ne pas
rater son coup cette fois-ci. En fait, il se demandait si son côté mystérieux
ne l'intéressait pas après tout. Finalement, peut-être devrait-il rester naturel
et ne plus jouer la comédie avec elle ? Après tout, elle était adulte et
pouvait tolérer un peu d'excentrisme de sa part... Personne n'est parfait...
Elle-même d'ailleurs était une personne curieuse, toujours à l'affût du
moindre ragot.
A vrai dire, on lui reprochait souvent de voir des mystères et des complots
partout et, plus grave, de vouloir vérifier ce qu'il en était exactement.
Ainsi, sa meilleure amie lui avait un jour asséné de manière cinglante que
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sa curiosité la perdrait...
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19h51. Marie tenta d'accélérer le pas. Elle ne supportait pas d'arriver en
retard à un rendez-vous. Elle venait de passer le croisement avec la piste de
VTT. La montée menant au centre sportif se présenterait bientôt.
À la vue de lumières dans le lointain, elle ne put s'empêcher de lâcher un
ouf de soulagement... Elle avait réussi à parcourir tout ce chemin sans
encombre, sans même rencontrer un sanglier, la hantise des promeneurs
depuis de longs mois. Ces animaux ne sortaient que lorsque la pénombre
faisait son apparition et de nombreuses personnes avaient déjà été
attaquées par une laie voulant protéger ses petits face à cet agresseur à
deux pattes... Même les voyous du coin, habitués à trafiquer le soir dans
ces coins reculés, avaient fui vers des contrées plus hospitalières.
Finalement, Marie était très fière d'elle. Dans le fond, qui aurait eu le
courage de s'aventurer seule dans ce noir et par ce temps sur ce chemin
ressemblant plus à un aller simple pour l'enfer qu'à un sentier vers un
repère de belles dryades ? Pas grand monde, c'est sûr, et certainement pas
son frère et son père ! Ah, ces hommes, pensa-t-elle, toujours à faire les
malins mais pas fichus d'assumer le moment venu, de vraies lavettes sans
cerveau et sans fantaisie... Heureusement, celui qu'elle allait bientôt
rencontrer était totalement à l'opposé de ce cliché. Lui était son égal, son
alter ego, il la méritait... Oui, il la méritait vraiment. Elle esquissa un
sourire, pensant à sa soi-disant modestie, sans cesse vantée par sa
grand-mère.
A ce propos, elle était abasourdie lors des réunions de famille tellement
elle se rendait compte qu'on la connaissait mal... Pourtant, dans sa tribu, on
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ne cessait de répéter que l'habit ne faisait pas le moine. Visiblement, ils
avaient du mal à déshabiller leur petite Marie...
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Nicolas, le souffle haletant, regardait sans arrêt son téléphone portable...
Il y voyait les minutes défiler beaucoup trop vite à son goût. Mais c'est
surtout l'absence de l'accusé de réception du message qu'il avait envoyé
cinq minutes auparavant qui le préoccupait. Convaincu d'arriver en retard à
son rendez-vous, il en avait averti la personne mais cette dernière avait
visiblement éteint son gsm... Nicolas ne supportait pas l'impolitesse, c'était
son intolérance à lui.
Il décida d'ouvrir son sac pour vérifier qu'il avait tout ce qu'il fallait pour
son rendez-vous. Maniaque et stressé pour l'occasion, il avait déjà regardé
trois fois précédemment dans ses affaires. La conclusion était chaque
fois identique : il disposait de tout le matériel nécessaire pour que cette
soirée soit une réussite. «Ce soir, ça va saigner », dit-il avec un bonheur
non dissimulé tout en se signant.
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Il était temps pour Marie d'arriver à bon port. À force d'avoir repensé
aux attaques de sangliers, la peur avait fait son apparition. Et, allez savoir
pourquoi, celle-ci n'aime jamais s'en aller trop vite. Elle souhaite faire
connaissance avec son hôte, le pousser dans ses derniers retranchements
jusqu'à ce que ressortent les plus sombres souvenirs enfouis en lui.
Le bruit du vent sur les branches, auquel Marie n'avait guère prêté
attention jusque là, semblait soudain plus présent que jamais.
Heureusement, ce n'était pas pleine lune. Elle ne risquait pas de tomber nez
à nez avec un loup garou. Une rafale de vent particulièrement vicieuse fit
tressaillir son corps.
Plus elle approchait de sa destination, plus elle se disait qu'elle avait été
stupide de se promener seule dans le noir. Sans téléphone qui plus est...
Elle était vraiment à la merci de n'importe quel type un tant soit peu
dérangé... Oui, elle était conne en fait, elle devait bien l'admettre... Et
pourquoi avait-elle accepté ce rendez-vous ? Trop curieuse ? Ce ne serait
pas la première fois qu'on le lui dirait...
Elle ne cessait de ressasser toutes les histoires de viols ou d'enlèvements
de jeune fille dont on parlait souvent de façon morbide aux informations.
Elle en était maintenant convaincue : cette soirée était propice à tous les
scénarios éculés de films d'horreur... Il restait à espérer qu'elle n'en serait
pas une des actrices principales... Finalement, elle aurait bien aimé être un
homme écervelé mais capable de se battre face à un éventuel agresseur.
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Elle se surprit alors à regarder le ciel et à demander de l'aide... Depuis le
décès de son grand-père, la personne qu'elle chérissait le plus au monde,
elle n'avait plus jamais regardé les étoiles, pourtant une de ses activités
favorites. Elle aimait s'évader dans l'immensité de l'univers... Que de
questions sans réponses mais quelle beauté !
« Nous ne sommes que poussières et nous retournerons en poussière »
lui avait seriné des dizaines de fois son grand-père. « Tu vois, nous
sommes tous issus des étoiles, elles font partie de nous, quand je les
regarde, je ne peux m'empêcher de penser à tous mes proches disparus. A
travers ces étoiles, ils vivent encore tous dans mon coeur, jusqu'à la fin des
temps...jusqu'à la fin des temps... ».
Justement, Marie n'avait pas encore trouvé le courage de regarder son
grand-père droit dans les yeux depuis son départ. Cette simple
contemplation du ciel suffit à lui donner la force d'oublier ses pensées
négatives le temps d'arriver au centre sportif. Elle s'assit sur un banc
longeant l'unique route amenant à l'imposant bâtiment et prononça tout
bas : «Merci papy, tu étais un grand homme, j'espère t'arriver un jour à la
cheville »
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L'excitation liée au stress ne cessait de croître chez Nicolas. Il n'aurait
probablement que cinq minutes de retard, pas de quoi faire un drame. Son
esprit était en pleine ébullition. La dernière fois, ça lui avait fait le même
effet : un mélange d'anxiété et de joie. C'était assez euphorique en fait, une
sorte de drogue naturelle. Il essayait de visualiser ce qui allait advenir lors
de cette soirée. Ne souhaitant pas être pris au dépourvu, il avait envisagé
tous les scénarios possibles. La moindre erreur pourrait se payer cash, il
fallait faire preuve de rigueur et de méthode. Ce n'était pas toujours son
fort mais, ce soir, il n'avait pas le choix, la réussite de son entreprise était à
ce prix. « Ce soir, ça va saigner », dit-il à nouveau.
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Toussotant sur son banc, Marie réfléchissait à ce qui avait bien pu
pousser son copain à lui donner rendez-vous ici. Comme souvent, il n'avait
pas été très loquace. Elle n'était avec lui que depuis un mois. En
définitive, elle ne le connaissait pas si bien que ça. Elle avait été une seule
fois chez lui mais n'avait jamais vu le moindre membre de sa famille. Elle
avait simplement rencontré deux ou trois de ses amis, fort sympathiques au
demeurant. Ils étaient tous étudiants en médecine et savaient s'amuser
quand la bière coulait à flot.
En fait, elle se rendit compte qu'ils avaient rarement fait des sorties tous
les deux, sans ses « potes », comme il les nommait. Il était bizarre et elle
avait l'impression qu'il ne voulait pas dévoiler sa vraie personnalité dans
l'immédiat. En fait, et ça l'avait déjà fait rire - mais pas en ce moment -, il
lui faisait penser aux tueurs en série comme on les voit dans les films : le
gars intelligent, qui n'a l'air de rien, mais qui, derrière son masque, laisse
entrevoir un fabuleux psychopathe...
Cette soudaine vision la fit frémir, aidée en cela par l'environnement
inhospitalier dans lequel elle se trouvait... Elle repensa à son ex dont il ne
parlait jamais et dont ses copains de faculté n'avaient plus jamais entendu
parler depuis leur rupture... Qu'était-elle devenue ? Que lui avait-il fait ?
Elle se mit à paniquer légèrement tout en se disant ironiquement que, s'il
devait lui arriver malheur, la morgue de l'hôpital n'était pas très loin. Elle
hésita un instant à rebrousser chemin mais la vision d'obscurité infinie qui
lui faisait face eut tôt fait de la décourager.
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Nicolas apercevait enfin les lumières du hall des sports. Il n'avait
toujours pas reçu d'accusé de réception mais on ne pourrait pas lui
reprocher de ne pas avoir prévenu... Le matériel placé dans son sac allait
enfin servir, il ne demandait qu'à être sorti de son emplacement.
En aboutissant à l'orée du bois, il aperçut une ombre assise sur un banc
une centaine de mètres plus loin. Il avança dans sa direction en respirant un
grand coup.
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« Enfin », soupira Marie en voyant arriver son copain. Elle ne put
s'empêcher de lui réserver un accueil assez froid. Se rendant compte de la
situation, celui-ci s'expliqua de la façon suivante : « Écoute Marie, il faut
que tu saches quelque chose, je suis resté très bon ami avec mon ex et elle
a été opérée du genou aujourd'hui... J'ai été la voir, je viens de l'hôpital, je
ne t'ai rien dit car j'avais peur de ta réaction, tu comprends, ça ne fait que
quatre semaines que nous sommes ensemble... Je t'ai donné rendez-vous ici
car c'est tout prêt de l'hôpital et de là où nous allons passer la soirée...Et je
n'ai pas de voiture aujourd'hui... »
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Comme Nicolas se rapprochait du banc, il constata que la fille, trop
grande à son goût, venait d'être rejointe. Il passa devant eux sans un regard,
trop concentré qu'il était par la finale du championnat de mini-foot de
l'université mettant aux prises l'équipe qu'il entraînait avec l'équipe de
médecine.
Il entrouvrit son sac une dernière fois avant de franchir le seuil du hall
sportif et constata que le ballon, la pompe et les maillots étaient encore bel
et bien là ! Et le match ne démarrait que dans trente minutes !
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« C'est d'accord, on va regarder tes potes gagner la finale » dit Marie,
confuse d'avoir eu de telles pensées négatives à l'égard de Philippe.
Décidément, pensa-t-elle au plus profond d'elle-même, même au niveau
des fantasmes, la femme surpasse l'homme...
Elle prit la main de Philippe et la serra vigoureusement jusqu'à ce qu'ils
eurent pénétré dans le complexe sportif...
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