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Le petit prince
Music: Richard Cocciante
Lyrics: Elisabeth Ana?s
Premiere: Tuesday, October 1, 2002
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_Acte 1_
_DEDICACE_
l'aviateur :
Je demande pardon aux enfants
D'avoir dédié cette histoire
A une grande personne
Mais cette grande personne
Est le meilleur ami que j'ai au monde
J'ai d'autres excuses
Cette grande personne peut tout comprendre
Même les livres pour enfants
De plus elle vit dans un pays
Où je sais qu'elle a faim et froid
Si vous saviez à quel point
Cette personne a besoin
De se sentir consolée
Si je peux avec ces mots
Un peu la réconforter
J'espère que vous comprendrez
Mais si quoiqu'il en soit
Ces excuses ne suffisent pas
Je dédie cette histoire
A l'enfant que cette homme a été
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
Ch?ur d'enfants :
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
St Exupéry :
Toutes les grandes personnes
1
Ch?ur d'enfants:
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
St Exupéry :
Ont d'abord été des enfants
Des enfants
Mais peu d'entre elles s'en souviennent
Peu d'entre elles d'en souviennent
Nuit - Tempête - Eclairs
S.O.S. radio
Choc - Noir - Silence - V ent - Etoiles
l'aviateur :
Moteur esquinté, avion enlisé; en plein désert, peut-être à mille milles de toute région habitée. 30 décembre 1935. La réparation sera difficile. De l'eau pour 8 jours.
Eh ben mon petit vieux, t'as voulu être aviateur, tu l'es. T'aurais
mieux fait de continuer à dessiner des serpents boas.
l'aviateur :
- V ous savez ce que c'est, ?a ?
Les grandes personnes :
- Oh…
- C'est un chapeau.
l'aviateur :
- Et ?a ?
Les grandes personnes :
- Euh…
l'aviateur :
- C'est un boa.
Les grandes personnes :
- Ah…
Grande personne n°1 : - As-tu appris tes le?ons de calcul ? 9 x 8 ? 7x 6 ? 6 x 9 ?
Grande personne n°2 : - Où est la Chine, où est le Japon, l'Arizona ? Grande personne n°3 : - Tu ferais mieux de jouer à autre chose, au golf, au bridge…
Grande personne n°4 : - Sois raisonnable. Il faut être raisonnable. Grande personne n°5 : - C'est un chapeau.
Grande personne n°6 : - N'oublie pas d'éteindre ta lampe.
Grande personne n°7 : - On a dit " éteins ta lampe ".
La bonne : - Mon Dieu, quel malheur cet enfant, tu vas prendre froid, attention aux courants d'air, et mets ton cache-nez.
_C'EST UN CHAPEAU_
l'aviateur:
Est-ce que mon dessin vous a fait peur?
Les grandes personnes
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur:
Je ne comprends pas personne ne voit
L'éléphant au fond de ce boa
Alors j'ai rangé tous mes crayons
Mes dr?les de dessins dans des cartons
J'ai trouvé enfin ma vocation
Je suis devenu pilote d'avion
Les grandes personnes c'est fatiguant
Elles ne comprennent pas tellement
Elles ont besoin d'explications
Toujours et toujours des explications
Depuis j'ai croisé des tas de gens
Mon avis n'a pas changé vraiment
Je ne parle plus jamais d'étoiles
De serpents boas de fleurs tropicales
J'ai quand même voulu faire l'essai
De mon dessin à nouveau
Mais les grandes personnes répondaient
Toujours et toujours : "C'est un chapeau !"
Alors je parlais de politique
De cravates, de golf de courses hippiques
Et les grandes personnes se rassuraient
De conna?tre un homme aussi sensé
Est-ce que mon dessin vous a fait peur?
Les grandes personnes:
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur :
Je ne comprends pas personne ne voit
Au-delà des choses au delà de soi
Les grandes personnes :
- C'est un chapeau ! C'est un chapeau ! C'est un chapeau !
l'aviateur :
- Les grandes personnes, elles ne comprennent rien toutes seules, et c'est très fatiguant pour les enfants de toujours et toujours leur donner des explications.
Lever du soleil
le Petit Prince : - S'il vous pla?t, dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Mais qu'est-ce que tu fais là ?
le Petit Prince : - S'il vous pla?t, dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Oh ! Tu sais, j'ai surtout étudié la géographie,
l'histoire, le calcul… je ne sais pas dessiner.
le Petit Prince : - Ca ne fait rien, dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Ecoute… le seul dessin dont je sois capable, c'est ?a. Regarde. Viens, viens…
le Petit Prince: - Non, je ne veux pas d'un éléphant dans un boa. Un boa, c'est très dangereux, et un éléphant, c'est très encombrant. Chez moi c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton. - Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.
- C'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes.
- Oh ! Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.
l'aviateur : - Ca c'est la caisse, le mouton que tu veux est dedans.
le Petit Prince: - Ah ! C'est tout à fait comme ?a que je le voulais. Mais crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton ?
l'aviateur : - Pourquoi ?
le Petit Prince: - Parce que chez moi, c'est tout petit.
l'aviateur : - Ca suffira s?rement, je t'ai donné un tout petit mouton.
le Petit Prince: - Pas si petit que ?a. Tiens, i l s'est endormi…
Coucher de soleil
le Petit Prince : - Qu'est-ce que c'est que cette chose-là ?
l'aviateur : - Ca, mais ce n'est pas une chose, ?a vole, c'est un avion. C'est mon avion.
le Petit Prince : - Comment, tu es tombé du ciel, toi aussi ?
l'aviateur : - Mais d'où viens-tu, mon petit bonhomme ?
le Petit Prince : - Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée, c'est que la nuit ?a lui servira de maison.
l'aviateur : - Et… et je te donnerai une corde pour l'attacher le jour, et un piquet.
le Petit Prince : - Mais où veux-tu qu'il aille ?
l'aviateur : - Mais n'importe où, droit devant lui.
_DROIT DEV ANT SOI_
le Petit Prince:
Toi aussi tu viens du ciel?
l'aviateur:
Tu viens d'une autre planète?
le Petit Prince :
C'est vrai qu'avec ces dr?les d'ailes
On ne va pas bien loin
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à toi
le Petit Prince:
Quelle dr?le d'idée d'attacher
Mon mouton à ton piquet
l'aviateur:
Mais si tu ne l'attaches pas
Il ira n'importe où
le Petit Prince:
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à toi
le Petit Prince:
Mais où crois-tu qu'il ira?
l'aviateur:
N'importe où droit devant lui
le Petit Prince:
Jamais il ne se perdra
C'est si petit chez moi
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas
Reconna?tre la voie jusqu'à toi
le Petit Prince:
Droit devant soi
Ce chemin ne nous apprend rien
On doit s'égarer pour mieux se trouver
L'aviateur : - J'ai trouvé un ami !
grandes personnes : - Oh !
l'aviateur : - Il vient d'une autre planète.
grandes personnes :
- Ah…
- Quel age a-t-il ?
- Combien a-t-il de frères ?
- Combien gagne son père ?
- Combien pèse-t-il ?
l'aviateur : - Mais pourquoi ne me demandez-vous pas quel est le son de sa voix, quels sont ses jeux préférés, s'il collectionne les papillons ?
grandes personnes :
- Quoi ?
- Qu'est-ce que ?a veut dire ?
- Où habite-t-il ?
l'aviateur : - Une planète, petite, avec deux volcans en activité, qu'il faut ramoner soigneusement parce que c'est pratique pour réchauffer le petit déjeuner le matin. Et un volcan éteint, qu'il faut ramoner
aussi.On ne sait jamais.
le Petit Prince : - On ne sait jamais.
grandes personnes : - On ne sait jamais.
l'aviateur : - C'est pour éviter les éruptions volcaniques, qui sont quelque chose comme les feux de cheminée.
grandes personnes : - Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qu'est-ce que tu es encore allé inventer ?
le Petit Prince : - Sur Terre les grandes personnes sont trop petites pour ramoner leurs volcans, c'est pourquoi ils leur causent des tas
d'ennuis.
l'aviateur : - Aujourd'hui, troisième jour dans le désert. La preuve que le Petit Prince a existé, c'est qu'il était ravissant, qu'il riait… et
qu'il voulait un mouton.
grandes personnes : - Oh…
l'aviateur : - Quand on veut un mouton, c'est la preuve qu'on existe. Et la planète d'où il venait est l'astéro?de B612.
le Petit Prince : - Mais c'est, c'est…
l'aviateur : - Les enfants doivent être indulgents avec les grandes personnes.
_LES GRANDES PERSONNES SONT COMME CA_
l'aviateur
J'ai de sérieuses raisons de croire
Que la planète du Petit Prince
Est l'astéro?de B612
Cet astre n'a été aper?u
Qu'une seule fois en 1909
Par un astronome turc
Il avait alors démontré
Sa découverte à un congrès
Mais personne ne l'avait jamais cru
A cause de son costume
Les grandes personnes sont comme ?a
Elles ne savent pas
Un dictateur turc imposa
A son peuple en 1920
De s'habiller à l'européenne
Alors l'astronome put refaire
Sa démonstration magistrale
Dans un habit très élégant
Et cette fois-ci évidemment
Tout le monde fut de son avis
Rien n'avait changé pourtant chez lui
Excepté son costume
Les grandes personnes sont comme ?a
Elles ne veulent croire
Que ce qu'elles voient
Elles sont comme ?a
Elles sont comme ?a
Lever de soleil
le Petit Prince : - C'est bien vrai que les moutons mangent les arbustes ?
l'aviateur : - Oui, c'est vrai.
le Petit Prince : - Par conséquent, ils mangent aussi les baobabs
l'aviateur : - Oh, tu sais, les baobabs ne sont pas des arbustes, mais
des arbres grands comme des églises, et même si tu emportes avec toi
tout un troupeau d'éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d'un
seul baobab.
le Petit Prince:- Les baobabs, avant de grandir, ?a commence par être petit, non ?
l'aviateur : - Ah ?
le Petit Prince : - Donc les moutons mangeront les petits baobabs.
l'aviateur : - Pourquoi veux-tu que les moutons mangent les petits baobabs ?
le Petit Prince: - Ben voyons. Parce que si on laisse pousser les petits
baobabs sur ma petite planète, ils seront trop nombreux et ils la feront
éclater. C'est terrible, le drame des baobabs. Fais un dessin pour prévenir les enfants de ta planète. _LES BAOBABS_
le Petit Prince:
On n'sait jamais les dangers qui nous guettent
Là sous nos pieds par-dessus nos têtes
l'aviateur:
Ces petites graines qui nous sont invisibles
Quelques brindilles qui deviennent terribles
le Petit Prince:
Elles sommeillent dans le secret de la terre
Jusqu'au jour où elles s'ouvrent à la lumière
l'aviateur:
Il faut faire vite avant que ne s'installent
Sur nos planètes les racines du mal
On n'voit jamais les dangers qui reviennent
La mauvaise herbe pour la mauvaise graine
le Petit Prince:
Comme on doit faire le matin sa toilette
On doit prendre soin de sa planète
Il ne faut pas la laisser s'encombrer
Sinon elle va finir par éclater
l'aviateur:
Enfants je n'aime pas vous faire la morale
Mais avec ces arbres l'erreur est fatale
ensemble (+ grande personnes):
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent ils la déchiquettent
Il faut les surveiller
Il faut les arracher
Il faut s'en débarrasser
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut leur couper la tête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les repérer
Il faut les supprimer il faut les éradiquer Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut faire place nette
grandes personnes:
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
ensemble (+ grandes personnes): Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les démolir
Les détruire les occire il faut les anéantir Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ?a s'arrête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ?a s'arrête
l'aviateur : - Tu as raison, faut pas laisser pousser les petits baobabs. Dans certaines circonstances, sur certaines planètes, c'est un très grave danger.
l'aviateur : - Tu as l'air mélancolique.
le Petit Prince : - J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil !
l'aviateur : - Mais il faut attendre.
le Petit Prince: - Attendre quoi ?
l'aviateur : - Attendre que le soleil se couche !
le Petit Prince : - Chez moi, c'est tellement petit qu'il me suffit de tirer ma chaise de quelques pas. Et je regardais le crépuscule chaque fois que je le désirais. Un jour, j'ai vu le soleil se coucher
quarante-quatre fois…
Quand on est triste, on aime les couchers de soleil.
l'aviateur :
- Ce jour-là, tu étais donc tellement triste ?
- Aujourd'hui, quatrième jour dans le désert.
Coucher de soleil
le Petit Prince : - Un mouton, s'il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs ?
l'aviateur : - Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.
le Petit Prince : - Même les fleurs qui ont des épines ?
l'aviateur : - Même les fleurs qui ont des épines.
le Petit Prince :
- Alors les épines, à quoi servent-elles ?
- Les épines, à quoi servent-elles ?
l'aviateur : - Elles ne servent à rien. C'est de la pure méchanceté de
ma part des fleurs.
le Petit Prince: - Je ne te crois pas. Les fleurs sont faibles, elles
sont na?ves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines… Alors, tu crois que les fleurs… ?
l'aviateur : - Non, je ne crois rien. Je t'ai répondu n'importe quoi. Je
m'occupe, moi, de choses sérieuses.
le Petit Prince : - De choses sérieuses ? Tu parles comme les grandes personnes ! Je connais une planète où il y a un monsieur qui n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Il n'a jamais respiré une fleur, jamais regardé une étoile, et toute la journée il répète, comme toi, "
je suis un homme sérieux, je suis un homme sérieux ", et ?a le fait gonfler d'orgueil, mais ?a n'est pas un homme, c'est un champignon.
l'aviateur : - Un quoi ?
le Petit Prince : - Un champignon ! Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines, il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et c'est pas important ?a, la guerre des moutons et des fleurs ? Si quelqu'un aime une fleur qui
n'existe qu'à un seul exemplaire dans les millions et les millions
d'étoiles, ?a suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se
dit : " Ma fleur est là quelque part ". Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si brusquement toutes les étoiles
s'éteignaient ! Et c'est pas important ?a, la guerre des moutons et des fleurs ?
l'aviateur : - La fleur que tu aimes n'est pas en danger, lui dessinerais une muselière à ton mouton, je te donnerai une armure pour ta fleur. Attends, regarde…
le Petit Prince: - Des fleurs, il y en a toujours eu sur ma planète, des fleurs très simples, armées d'un rang de pétales, qui ne tiennent pas de place et ne dérangent personne. Mais un jour est arrivée ma fleur, une graine apportée on ne sait d'où. J'avais peur au début que ce soit un nouveau genre de baobab. Mais l'arbuste a vite cessé de cro?tre et a formé une fleur, un bouton énorme.
_PRES D'ELLE_
le Petit Prince
Bien à l'abri de sa chambre verte
Elle n'en finit pas dans cette cachette
De choisir avec soin ses couleurs
De s'habiller lentemen t le c?ur
Ses pétales ajustés un à un
Pour lui faire un corset de satin
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Je n'ai connu que des fleurs fragiles
Jusqu'à ce qu'apparaisse cette brindille
Des fleurs qui ne tenaient pas de place
Et qui passaient sans laisser de trace
A vec ses manières si émouvantes
Celle-ci a l'air tellement différente
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour réchauffer ma planète
Petite graine perdue dans l'univers
Qui a trouvé sa place sur ma terre
Elle se prépare avec tant d'amour
A na?tre en étant belle comme le jour
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Près d'elle…
le Petit Prince : - V ous êtes belle.
La rose : - N'est-ce pas ?
le Petit Prince : - V ous êtes belle, mais bien compliquée.
La rose : - Ah ! Je me réveille à peine. Ah ! Je vous demande pardon. Ah ! Je suis toute décoiffée. Mais je suis née en même temps que le soleil.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu menteuse.
La rose : - Ah ! Sans trop vous déranger, ah ! Pourriez-vous m'apporter juste un petit déjeuner ? Je prendrais bien quelques gouttes de rosée.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu capricieuse.
La rose : - Ah ! A vec mes quatre épines , ah ! Je ne me laisse pas prendre, moi je n'ai pas peur des tigres, ils peuvent toujours venir, je sais me défendre.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu prétentieuse.
La rose : - Ah ! J'ai toujours un peu froid. Ah ! Je crains les courants
d'air. J'aime tant qu'on prenne soin de moi. V ous n'auriez pas par hasard un paravent ?
le Petit Prince : - Non. Il n'y a pas de tigre sur ma planète, et les tigres, ?a ne mange pas d'herbes.
La rose : - Je ne suis pas une herbe. De toute fa?on, le soir vous me mettrez sous globe.
le Petit Prince : - Euh ?
La rose : - Il fait très froid chez vous. C'est mal installé. Là d'où je viens…
La rose : - Oh, pardon ! Ah, des oies sauvages ! Si, si !
le Petit Prince: - Ah, je ne veux plus l'écouter, ah, il vaut mieux se sauver, je prendrai le premier vol d'oiseaux sauvages qui voudront
m'emporter.
le Petit Prince : - Bon et bien voilà, je pars. J'ai fait tout ce que je pouvais. Les volcans sont ramonés. Est-ce que tu veux ton globe pour la nuit ?
le Petit Prince : Adieu.
_ADIEU (ET TACHE D'ETRE HEUREUX)_
La rose:
Adieu
Et tache d'être heureux
J'ai perdu du temps
A vouloir cacher
Tous nos sentiments
V oilà que tu pars
Je te demande pardon
J'aurais d? te dire
Depuis si longtemps
Que je t'aimais tant
V a
Maintenant va t'en
J'apprendrai sans toi
A aimer le vent
L'air frais de la nuit
J'apprendrai sans toi
A vec les chenilles
Et les papillons
A tromper l'ennui
Ne tra?ne pas, adieu
Et tache d'être heureux
Le roi : - Ah, voilà un sujet.
le Petit Prince : - Mais vous ne me connaissez pas !
Le roi : - Mais tous les hommes sont mes sujets.
le Petit Prince : - Ah bon.
Le roi : - On ne baille pas.
le Petit Prince : - Mais je suis fatigué…
Le roi : - On ne parle pas. Et on ne s'assied pas.
le Petit Prince : - Mais je suis fatigué, votre Majesté, et je m'ennuie déjà. Et je crois bien que je vais partir.
Le roi : - Non, attends…
_JE T'ORDONNE_
Le roi :
Je t'ordonne de bailler
Je t'ordonne de parler
Je t'ordonne de t'asseoir
Et de m'interroger
Je t'ordonne d'arrêter !
Moi je règne sur tout
Tout ce qui tourne autour de nous
Monarque universel
Des étoiles et du ciel
Et je ne tolère pas
La désobéissance
Mes ordres sont raisonnables
On peut me faire confiance
Par contre si j'ordonnais
A un quelconque général
De voler de fleur en fleur
Ou si j'exigeais de mon peuple
Qu'ils se jettent à la mer
S'ils n'obéissaient pas
Et s'ils se révoltaient
Ils seraient dans leur droit
Alors celui qui aurait tort
Bien s?r ce serait moi
L'autorité repose
D'abord sur la raison
Il faut exiger de chacun
Ce que chacun peut donner
le Petit Prince : - Et sur quoi régnez-vous ?
Le roi : - Sur tout. Je suis un monarque absolu et universel.
le Petit Prince : - Même les étoiles vous obéissent ?
Le roi : - Bien s?r. Je ne tolère pas l'indiscipline.
le Petit Prince : - Dans ce cas, faites-moi plaisir. Ordonnez au soleil de se coucher.
Le roi : - Je l'y obligerai. Mais j'attendrai dans la science de mon gouvernement que les conditions soient favorables.
le Petit Prince : - Et quand cela sera-t-il ?
Le roi : - Ce soir. V ers…sept heures quarante. Tu verras comme je suis bien obéi.
le Petit Prince : - J'ai compris. Je vais repartir.
Le roi : - Non, ne pars pas, je te fais ministre. De la justice.
le Petit Prince : - Il n'y a personne sur votre planète !
Le roi : - Non, mais tu te jugeras donc toi-même. Il est bien plus
difficile de se juger soi-même que de juger autrui.
le Petit Prince : - Je puis me juger moi-même n'importe où, je n'ai pas besoin d'habiter ici. Adieu.
Le roi : - Non, attends. Je crois qu'il y a quelque part un vieux rat
que j'entends courir la nuit. Tu le condamneras à mort de temps en temps, mais tu le gracieras chaque fois pour l'économiser, il n'y en a
qu'un.
le Petit Prince : - Je n'aime pas condamner à mort, et je crois bien que
je m'en vais.
Le roi : - Non.
le Petit Prince : - Ordonnez-moi, par exemple, de partir avant une minute.
Le roi : - Non.
Le roi : - Je te fais mon ambassadeur, va.
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont bien étranges.
Le vaniteux : - Ah, voilà la visite d'un admirateur.
le Petit Prince : - Ca, c'est un vaniteux. V ous avez un dr?le de chapeau.
Le vaniteux : - Mais c'est pour saluer, quand on m'acclame. Frappe dans tes mains.
_MOI JE_
Le vaniteux:
J'aime qu'on me jette des fleurs
J'aime la lumière des projecteurs
J'aime les flatteurs j'aime les honneurs
J'aime même les menteurs
Quand ils savent me dire
Ce que je veux entendre
A quoi je peux prétendre
J'aime les compliments
La chaleur des applaudissements
J'aime la gloire et tous ses égards
J'aime tous ces boniments
Si je dois me sentir
Ne serait-ce qu'un instant
Le plus intéressant
Moi je suis le plus beau
Moi je suis le plus riche
Moi je suis le plus dr?le
Moi je suis moi je suis moi
Moi je suis le meilleur
De toute la planète
Mais je suis toujours seul
Pour le reconna?tre
J'aime tellement qu'on m'aime
Alors frappe des mains
Admire-moi quand même
Tu me feras plaisir
J'aime tellement qu'on m'aime
le Petit Prince : - Je t'admire, mais en quoi cela peut-il bien
t'intéresser ?
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont décidément bien bizarres. le Petit Prince : - Que fais-tu là ? Comme c'est triste !
_JE BOIS POUR OUBLIER_
Le buveur:
Plus rien ne me para?t très net
V ous êtes sur ma dr?le de planète
Tout est tordu tout est flou
Je suis tout sens dessus dessous
Je collectionne pour la peine
Les bouteilles vides les bouteilles pleines
Toi qui t'en viens vers moi
Tu te demandes ce que je fais là
Je bois pour oublier
le Petit Prince:
Mais tu bois pour oublier quoi ?
Le buveur:
Oublier que j'ai honte
le Petit Prince:
Que tu as honte de quoi ?
Le buveur:
Que j'ai honte de boire
le Petit Prince :
Alors tu te ressers un verre
Le buveur:
Je bois pour oublier
Pour oublier que je bois
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont décidément très, très bizarres.
_JE SUIS UN HOMME SERIEUX_
le Petit Prince : - Bonjour ! V otre cigarette est éteinte. Bonjour !
le businessman:
Trois et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
- Bonjour
Vingt-deux et six vingt-huit
Pas l'temps d'la rallumer
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un
le Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
Tiens tu es toujours là
Cinq cent un millions de…
Je ne sais même plus
le Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
J'ai tellement de travail
Je n'peux pas m'amuser
A vec toutes ces balivernes
le Petit Prince : - Des millions de quoi ?
le businessman:
Tu n'dois pas me déranger
Deux et cinq font sept
je suis un homme sérieux
le Petit Prince : - Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
Des millions d'étoiles
Auxquelles rêvent les paresseux
Que je change en calcul mental
Moi qui suis un homme sérieux j'ai besoin
J'ai besoin de posséder pour me rassurer
J'ai besoin de me sentir riche pour exister
Des millions d'étoiles
Que je ne sais que compter
Moi qui n'ai jamais rêvé
Trois et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
Quinze et sept vingt-deux
Vingt-deux et six vingt-huit
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un…
le Petit Prince : - D'étoiles, je sais. J'ai déjà vu un roi qui
possédait une étoile.
le businessman : - Mais les rois ne possèdent pas, ils règnent sur,
c'est très différent.
le Petit Prince : - Et comment peut-on posséder une étoile ?
le businessman : - Je possède les étoiles parce que personne avant moi
n'a pensé à les posséder.
le Petit Prince : - Ca c'est vrai, mais tu ne peux pas cueillir une
étoile comme je peux cueillir une fleur et l'emporter.
le businessman : - Non, mais je peux les placer en banque. J'écris sur
un petit papier le nombre de mes étoiles et je l'enferme à clé dans un
tiroir.
le Petit Prince : - C'est assez poétique, mais ce n'est vraiment pas
très sérieux. Moi je ramone mes volcans et j'arrose ma fleur, aussi
c'est utile à mes volcans et c'est utile à ma fleur que je les possède.
Mais toi tu n'es pas utile aux étoiles. Je voudrais aller voir ailleurs.
V oilà une jolie planète.
le businessman : - C'est une planète minuscule, et absurde. A quoi peut
bien servir, dans le ciel, sur une planète sans maison ni population, un
réverbère et un allumeur de réverbère ?
le Petit Prince : - Peut-être bien que cet homme est absurde. Moins
cependant que vous tous, parce que, quand il allume son réverbère, c'est
comme s'il faisait na?tre une étoile de plus, ou une fleur. Quand il
éteint son réverbère, ?a endort l'étoile ou la fleur. C'est une occupation très jolie et véritablement utile, puisque c'est joli. Adieu.
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont décidément tout à fait
extraordinaires.
_C'EST LA CONSIGNE_
le Petit Prince : - Pourquoi éteins-tu ton réverbère ? Tu viens à peine
de l'allumer.
L'allumeur de réverbères:
J'éteins mon réverbère
Je l'allume aussit?t
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
Mon métier est terrible
Je n'dois pas réfléchir
J'obéis sans rien dire
La consigne c'est la consigne Bonjour bonsoir
Bonjour bonsoir
Je regrette autrefois
Quand je n'avais encore
Qu'à éteindre le matin
Et allumer le soir
Année après année
La planète a tournéChaque jour un peu plus vite Sans que change la consigne Bonjour bonsoir
Et maintenant elle fait
En soixante secondes
Sur elle un tour entier
Et je n'ai en ce monde
Plus un instant de paix Bonjour bonsoir
J'éteins mon réverbère
Je l'allume aussit?t
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
le Petit Prince : - Au moins lui ne s'occupe pas que de lui-même. S'il y avait eu de la place pour deux, j'aurais aimé en faire mon ami. Et puis soixante couchers de soleil par heure, ?a fait… mille quatre cent quarante couchers de soleil par jour ! j'y retourne.
le Petit Prince : - Ah, voilà une grande planète.
Le géographe : - Tiens, voilà un explorateur.
le Petit Prince : - Quel est ce gros livre ? Que faites-vous ici ?
Le géographe : - Je suis géographe, et je prends en note les souvenirs des explorateurs.
le Petit Prince : - Elle est bien belle votre planète. Est-ce qu'il y a
des océans ?
Le géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le Petit Prince : - Et des montagnes, des villes, des fleuves, des déserts ?
Le géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le Petit Prince : - Mais vous êtes géographe ?
Le géographe : - C'est exact, mais je ne suis pas explorateur. Le
géographe est trop important pour flaner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y re?oit les explorateurs. Et si les souvenirs de l'un d'eux lui paraissent intéressants, alors le géographe fait faire une enquête sur
la moralité de l'explorateur.
le Petit Prince : - Pourquoi ?a ?
Le géographe : - Si l'explorateur mentait, tu imagines la catastrophe.
Et si c'est un ivrogne, il voit double, il noterait deux montagnes là où
il n'y en a qu'une.
le Petit Prince : - Ah, ah, ah.
Le géographe : - Et toi, tu viens de loin ? Je vais noter ton récit, au crayon d'abord, à l'encre quand tu auras fourni les preuves.
le Petit Prince : - Quelles preuves ?
Le géographe : - C'est très simple. S'il s'agit, par exemple, de la
découverte d'une grosse montagne, on exige de l'explorateur qu'il en rapporte de grosses pierres. Alors ?
le Petit Prince : - Chez moi, c'est tout petit, deux volcans en
activité, un volcan éteint...
Le géographe : - Je prends note, on ne sait jamais.
le Petit Prince : - J'ai aussi une fleur.
Le géographe : - Nous ne notons pas les fleurs, elles sont éphémères. Nous n'écrivons que les choses éternelles, qui ne se démodent pas.
le Petit Prince : - Qu'est-ce que ?a signifie, " éphémère " ?
Le géographe : - Ca signifie… " qui est menacé de disparition prochain e ".
le Petit Prince : - Ma fleur est éphémère, et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre le monde ! Et je l'ai laissée toute seule chez
moi !
_JE PRENDS NOTE_
Le géographe:
Je dois conna?tre les déserts
Les sources qui jaillissent de la terre
Les océans les rivières
Et les ?les plantées sous la mer
Et je rêve de volcans qui grondent
Dans des flots incandescents
De ces voiliers amarrés aux ondes
Dans les Quarantièmes Rugissants
Je prends note
Enfermées au fond d'un cahier
S'étalent mes seules lignes d'horizon
Ce bureau est ma dernière prison
Je prends note
Je ne vis rien je ne vois rien
Je vis tout par procuration
En voyageur immobile
A travers vos explorations
Je prends note
Je n'écris que des choses éternelles
Je prends note
Je n'ai que faire de ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Je prends note
Mais je ne sais rien de ma planète
Je n'connais même pas un cours d'eau
Je sais juste où mes frontières s'arrêtent
Coincé à l'arrière d'un bureau
Je prends note
le Petit Prince :
- J'aurais d? ne pas l'écouter. Il ne faut jamais écouter les fleurs. Il
faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, aurait d? m'attendrir. Je n'ai rien su comprendre.
J'aurais d? la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais d? m'enfuir. J'aurais d? deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires. J'étais trop jeune pour savoir l'aimer.
Le géographe :
- Tout cela, nous n'en prenons pas note.
le Petit Prince :
- Que me conseillez-vous d'aller visiter ?
Le géographe :
- La planète Terre. Elle a bonne réputation.
_LA TERRE_
Le géographe:
La septième planète sera donc la Terre
La Terre n'est pas une planète quelconque
On y compte cent onze rois
En n'oubliant pas bien s?r les rois nègres
le Petit Prince : - Très dr?le…
Le géographe:
Sept mille géographes neuf cent mille businessmen
Sept millions et demi d'ivrognes
Trois cent onze millions de vaniteux
C'est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes
l'aviateur :
La Terre
Dans cet univers
Et ses particules élémentaires
Ce mystère
Au milieu des airs
Ces mers ces déserts
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Accrochés au clair
De leur étoile
Solitaire
Planète en colère
Du système solaire
Révolutionnaire
C'est la Terre
Ses années lumière
Et ses allumeurs de réverbères
- Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre, je vous dirai qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur
l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères. V u
d'un peu loin ?a faisait un effet splendide.
La Terre
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Le temps d'un éclair
La Terre
Dans cet univers
Ridicule et fière
Particulière
V olontaire
A ne pas se taire
Cette mère nourricière
Qui nous enterre
C'est la Terre
La Terre
------------------------------------------------------------------------ _ACTE 2_
_EPHEMERES_
l'aviateur:
On veut croire à des choses éternelles
Pour oublier toutes ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Car nous sommes
Ephémères
Menacés par une fin prochaine
Les explosions en cha?ne
Les amours et les gloires passagères
Ephémères
A voir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Qui en prières
Trouvent un sens à leurs destins
Si incertains
Ephémères
Pris au piège sous l'effet de serre
Comme ces fragiles insectes qui naissent
Pour s'éteindre en pleine lumière
Ephémères
A voir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Pour enfin
N'être dans ces déserts
Plus qu'un grain de poussière
le Petit Prince : - Bonne nuit.
Le serpent : - Bonne nuit.
le Petit Prince : - Sur quelle planète suis-je tombé ?
Le serpent : - Sur la Terre, en Afrique.
le Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Le serpent : - Ici c'est le désert, il n'y a personne dans les déserts.
La Terre est grande.
le Petit Prince : - Je sais, deux milliards d'habitants, avec une armée
de 472 511 allumeurs de réverbères sur six continents, ?a faisait un effet superbe vu d'en haut, comme un ballet d'opéra. D'abord les allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande, d'Australie, et puis…
Le serpent : - Attention, quand on veut faire de l'esprit, il arrive
qu'on invente un peu. Tu vas donner une fausse idée de la planète à ceux qui ne la connaissent pas. Les hommes occupent très peu de place sur la Terre. Si tous les habitants se tenaient debout et un peu serrés, on pourrait entasser l'humanité entière sur le moindre petit il?t du Pacifique.
le Petit Prince : - Les grandes personnes ne te croiront jamais.
Le serpent : - Elles se voient importantes comme des baobabs.
le Petit Prince : - Je me demande si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète, elle est juste au- dessus de nous. Comme elle est loin…
Le serpent : - Elle est belle. Mais que viens-tu faire ici ?
le Petit Prince : - J'ai des difficultés avec une fleur.
Le serpent : - Une fleur ?
le Petit Prince : - Non, ?a c'est une fleur à trois pétales, une fleur
de rien du tout. La mienne est éphémère.
Le serpent : - (il fredonne).
le Petit Prince : - Où sont les hommes ? On est un peu seul dans le désert.
Le serpent : - On est seul aussi chez les hommes.
le Petit Prince : - Tu es une dr?le de bête. Tu n'as même pas de pattes.
Tu ne peux même pas voyager.
Le serpent : - Oh, je puis t'emporter plus loin qu'un navire. Celui que
je touche, je le rends à la terre dont il est sorti. Tu es pur, tu viens
d'une étoile, mais tu me fais pitié, toi si faible, sur cette terre de granit. Je puis t'aider un jour, si tu regrettes trop ta planète. Je puis…
le Petit Prince : - Oh, j'ai très bien compris. Mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes ?
Le serpent : - Je les résous toutes.
le Petit Prince : - Bonjour.
Les cactus : - Bonjour.
le Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Les cactus : - Oh, les hommes ! Il en existe je crois six ou sept. Je
les ai aper?us il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver.
Le vent les promène, ils manquent de racines. Ca les gêne beaucoup.
le Petit Prince : - Adieu.
Les cactus : - Adieu.
le Petit Prince : - Je vais faire l'ascension de cette haute montagne.
Tu sais… a?e !
Les cactus : - Oh pardon !
le Petit Prince : - Je n'ai jamais eu de montagne comme ?a. J'ai trois volcans qui m'arrivent à peine aux genoux.
Les cactus : - Aux genoux ?
le Petit Prince : - Au sommet, j'apercevrai d'un coup toute la planète
et tous les hommes.
_L'ECHO_
le Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:- Bonjour…Bonjour…Bonjour…le Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho: - Qui êtes-vous… Qui êtes-vous…le Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho : - mes amis…
le Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho : - Je suis seul….
le Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:- Bonjour…Bonjour…Bonjour…le Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho: - Qui êtes-vous… Qui êtes-vous…le Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho : - mes amis…
le Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho : - Je suis seul….
le Petit Prince:
Cette Terre est
Une dr?le de planète
Elle est toute sèche
Toute pointue
Toute salée
Et les hommes manquent
D'imagination
Ils répètent tout
Tout ce qu'on leur dit…
le Petit Prince:- Bonjour.
L'écho:- Bonjour…Bonjour…Bonjour…
le Petit Prince : - Qui êtes-vous ?
L'écho: - Qui êtes-vous… Qui ête s-vous…
le Petit Prince : - Soyez mes amis.
L'écho : - mes amis…
le Petit Prince :- Je suis seul.
L'écho : - Je suis seul….
le Petit Prince : - Seul…
L'écho : - Seul… Seul… Seul…
le Petit Prince :
Chez moi j'avais une fleur
Elle parlait toujours la première
_LE JARDIN DES ROSES_
Les roses:
Ah ! Je me réveille à peine
Ah ! Je vous demande pardon
Ah ! Je suis toute décoiffée
Mais je suis née en même temps que le soleil Ah ! Sans trop vous déranger
Ah ! Pourriez-vous m'apporter
Juste un petit déjeuner
Je prendrais bien quelques gouttes de rosée
le Petit Prince:
Ma fleur me disait
Que dans tout l'univers
Elle était seule en son genre
Mais ce n'était pas vrai
Comme elle il y en a des milliers
Ah ! Si ma fleur vous voyait
Elle se sentirait humiliée
Et pour se sentir moins ridicule
Elle touss'rait et ferait semblant de mourir
Moi je s'rais bien obligé
De faire semblant de la soigner
Sinon pour m'humilier aussi
Elle pourrait bien se laisser vraiment mourir
Moi qui me croyais
Si riche d'une fleur unique
Je n'ai qu'une rose ordinaire
Entre elle et mes volcans
Je n'ai vraiment pas l'air d'un grand prince
Les roses:
Ah ! A vec mes quatre épines
Ah ! Je ne me laisse pas prendre
Moi je n'ai pas peur des tigres
Ils peuvent toujours venir je sais me défendre
Ah ! J'ai toujours un peu froid
Ah ! Je crains les courants d'air
J'aime tant qu'on prenne soin de moi
V ous n'auriez pas par hasard un paravent ?
le Petit Prince : - Je me croyais riche d'une fleur unique, et je n'ai qu'une rose ordinaire comme les autres. Ca, et mes trois volcans qui m'arrivent à peine aux genoux et dont l'un peut-être est éteint pour toujours, ?a ne fait pas de moi un grand prince…
le renard : - Bonjour !
le Petit Prince : - Bonjour ! Qui es-tu ? Tu es bien joli.
le renard : - Je suis un renard.
le Petit Prince : - Viens jouer avec moi, je suis tellement triste.
le renard : - Je ne puis pas jouer avec toi, je ne suis pas apprivoisé.
le Petit Prince : - Pardon. Qu'est-ce que ?a signifie, " apprivoiser " ?
le renard : - Tu n'es pas d'ici. Que cherches-tu ?
le Petit Prince : - Je cherche les hommes. Qu'est-ce que ?a signifie, " apprivoiser " ?
le renard : - Les hommes… Ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant. Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
le Petit Prince : - Non, je cherche des amis. Qu'est-ce que ?a signifie, " apprivoiser " ?
le renard : - C'est une chose trop oubliée. Cela signifie créer des liens.
le Petit Prince : - Créer des liens ?
le renard : - Bien s?r. Tu n'es encore pour moi qu'un petit gar?on tout semblable à cent mille petits gar?ons, et je n'ai pas besoin de toi. Et
tu n'as pas besoin de moi non plus, je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde, je serai pour toi unique au monde.
le Petit Prince : - Il y a une fleur, je crois qu'elle m'a apprivoisé.
le renard : - C'est possible. On voit sur la Terre toutes sortes de choses.
le Petit Prince : - Oh, ce n'est pas sur la Terre.
le renard : - Sur une autre planète ?
le Petit Prince : - Oui.
le renard : - Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
le Petit Prince : - Non.
le renard : - Ca c'est intéressant ! Et des poules ?
le Petit Prince : - Non.
le renard : - Rien n'est parfait. S'il te pla?t, apprivoise-moi.
le Petit Prince : - Je veux bien, mais je n'ai pas beaucoup de temps,
j'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à conna?tre.
le renard : - On ne conna?t que les choses que l'on apprivoise. _APPRIVOISE-MOI_
le renard:
Si tu veux jouer avec moi
il va falloir m'apprivoiser
Et créer des liens pas à pas
Pour commencer à s'attacher
Sinon tu n'es encore pour moi
Qu'un petit gar?on comme les autres
Pour toi qui ne me connais pas
Je n'suis qu'un renard parmi d'autres
Apprivoise-moi je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
Mais si tu sais m'apprivoiser
Ma vie sera ensoleillée
Je conna?trai ton bruit de pas
Qui m'appellera hors du terrier
Et la blondeur des champs de blé
Me fera souvenir de toi
Enfin j'aimerai le bruit du vent
Qui viendra souffler dans ces champs
Apprivoise-moi je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
On ne peut conna?tre vraiment
Que les choses que l'on apprivoise
Mais si les hommes n'ont plus de temps
De s'attarder quand ils se croisent
Ils cherchent des choses toutes faites
Mais il n'y a pas de marchands d'amis
Qui vendent de l'amitié toute prête
Alors les hommes n'ont plus d'amis
Apprivoise-moi je t'en prie
Si tu as besoin d'un ami
Et jusqu'à la dernière seconde
Tu resteras unique au monde
Il nous faudra des rendez-vous
Pour pouvoir s'habiller le c?ur
Et tous ces moments entre nous
M'apprendront le prix du bonheur
le Petit Prince : - Que faut-il faire ?
le renard : - Il faut être patient. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, je te regarderai du coin de l'?il…
le Petit Prince : - Et…
le renard : - Et tu ne diras rien.
le Petit Prince : - Oh…
le renard : - Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près.
le Petit Prince : - Il faut que je parte.
le renard : - Ah ! Je pleurerai.
le Petit Prince : - C'est ta faute. Je ne te souhaitais pas de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise.
le renard : - Bien s?r…
le Petit Prince : - Mais tu vas pleurer ?
le renard : - Bien s?r.
le Petit Prince : - Alors tu n'y gagnes rien.
le renard : - J'y gagne, à cause de la couleur du blé. V a revoir les roses et tu comprendras que la tienne est unique au monde.
_PUISQUE C'EST MA ROSE_
le Petit Prince:
Même si un passant ordinaire
Pouvait prétendre le contraire
V ous n'êtes rien encore
Personne ne vous a apprivoisées
V ous n'avez apprivoisé personne
Tant que vous n'avez pas d'ami
V ous n'êtes pas uniques au monde
V ous êtes belles mais vous êtes vides
On ne peut pas mourir pour vous
Et à elle seule ma rose
Compte bien plus que tout
Puisque c'est elle que j'ai arrosée
Puisque c'est elle que j'ai protégée
Puisque c'est elle que j'ai écoutée
Puisque c'est ma rose
le renard:
Pour nos adieux voici mon secret
On ne voit bien qu'avec le c?ur
Il faut comprendre l'essentiel est
Invisible pour les yeux
Si les hommes oublient cette vérité
Toi tu ne dois pas l'oublier
C'est le temps perdu pour ta rose
Qui fait ta rose si importante
Tu deviens responsable pour toujours
De ce que tu as apprivoisé
le Petit Prince:
Alors me voici responsable de ma rose à jamais Puisque c'est elle que j'ai arrosée
le renard:
Arrosée
le Petit Prince:Puisque c'est elle que j'ai protégée
le renard:
Protégée
le Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai écoutée
Puisque c'est ma rose
le renard:
Puisque c'est ta rose
le Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai abritée
le renard:
Abritée
le Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai rassurée
le renard:
Rassurée
le Petit Prince:
Puisque c'est elle que j'ai aimée
Puisque c'est ma rose
le renard:
Puisque c'est ta rose
le Petit Prince:
Puisque c'est elle
Puisque c'est ma rose
le Petit Prince : - Adieu.
le renard : - Adieu. N'oublie pas mon secret. On ne voit bien qu'avec le c?ur.
le Petit Prince : - On ne voit bien qu'avec le c?ur.
le renard : - L'essentiel est invisible pour les yeux.
le Petit Prince : - L'essentiel est invisible pour les yeux.
le renard : - C'est le temps que tu as perdu pour ta rose…
le Petit Prince : - C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose…
le renard : - … qui fait ta rose…
le Petit Prince : - … qui fait ma rose…
le renard : - … si importante.
le Petit Prince : - … si importante. L'essentiel est invisible… avec le c?ur.
le Petit Prince : - Renard… Renard…
Tempête de sable
le Petit Prince : - Bonjour ! Bonjour !
l'aiguilleur : - Bonjour !
le Petit Prince : - Que fais-tu ici ?
l'aiguilleur : - Je suis aiguilleur.
_L'AIGILLEUR_
l'aiguilleur:
Je trie les voyageurs par paquets de mille
J'expédie les trains qui les emportent
Tant?t vers la droite tant?t vers la gauche
le Petit Prince:
Ils sont bien pressés que cherchent-ils ?
l'aiguilleur:
L'homme de la locomotive l'ignore lui-même
le Petit Prince:
Ils reviennent déjà
l'aiguilleur:
Ce ne sont pas les mêmes c'est un échange
le Petit Prince:
Ils n'étaient pas contents là où ils étaient ?
l'aiguilleur:
On n'est jamais contents là où l'on est
le Petit Prince:
Ils poursuivent les premiers voyageurs ?
l'aiguilleur : - Ils ne poursuivent rien du tout. Ils dorment là-dedans,
ou bien ils
baillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres.
le Petit Prince : - Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent. Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante. Et si on la leur enlève, ils pleurent.
l'aiguilleur : - Ils ont de la chance.
Le marchand de pilules : - Demandez les pilules du Docteur Désir, demandez les pilules contre la soif !
le Petit Prince : - Bonjour !
Le marchand de pilules : - Bonjour !
le Petit Prince : - Et vous, qui êtes-vous ?
Le marchand de pilules : - Je suis un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. Demandez les pilules du Docteur Désir, demandez les pilules
contre la soif ! On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire.
le Petit Prince : - Pourquoi vends-tu ?a ?
Le marchand de pilules : - Mais c'est une grosse économie de temps. On épargne cinquante- trois minutes par semaine selon les experts.
le Petit Prince : - Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?
Le marchand de pilules : - Eh bien, on en fait… ce que l'on veut.
le Petit Prince : - Moi, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser,
je marcherais
tout doucement vers une fontaine. Je retourne dans le désert, j'aime mieux le désert.
Tempête de sable
Lever de soleil
lePetit Prince : - Dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Mais qu'est-ce que tu fais là ?
le Petit Prince : - Dessine-moi un mouton. C'est pour ma fleur. Pour la protéger des baobabs. Mais il me faut aussi une muselière, pour protéger ma fleur du mouton. Tu penses, il mange aussi les épines. Je suis responsable de ma rose.
Coucher de soleil
l'aviateur : - Huitième jour dans le désert. Plus d'eau. Aucune chance
de trouver
un puits dans cette immensité.
l'aviateur : - Tu penses à ta rose. Elle rayonne en toi comme la flamme d'une
lampe, même quand tu dors.
le Petit Prince : - Les étoiles sont belles à cause d'une fleur que l'on
ne voit pas. J'aime le désert.
l'aviateur : - J'ai toujours aimé le désert. On ne voit rien, on
n'entend rien, et
pourtant quelque chose rayonne dans le silence.
le Petit Prince : - Ce qui embellit le désert, c'est qu'il cache un
puits quelque part.
l'aviateur : - Tu as donc soif, toi aussi ?
le Petit Prince : - L'eau peut être bonne pour le c?ur.
l'aviateur : - Ce qui fait la beauté du désert ou des étoiles est invisible. Lorsque j'étais petit gar?on, j'habitais une maison ancienne
et la légende racontait qu'un trésor y était enfoui. Bien s?r, personne
n'a jamais su le trouver, ni peut-être même ne l'a cherché. Il était invisible. Mais il enchantait toute la maison qui cachait un secret au fond de son c?ur. Ce que je vois là n'est qu'une écorce, le plus important est invisible.
le Petit Prince : - Je suis content que tu sois d'accord avec mon renard. C'est bien d'avoir un ami renard, même si l'on doit mourir de soif. Alors cherchons le puits.
l'aviateur : - Au hasard, dans le désert ? Que regardes-tu ?
le Petit Prince : - Le reflet du puits dans les étoiles.
_CHERCHER LA SOURCE_
l'aviateur:
Tout doucement
L'emporter avec moi comme un trésor quand il s'endort
Sentir ce qui se cache derrière l'écorce derrière le corps
Prendre la route marcher encore
Chercher la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
Suivre une étoile
Retrouver sa voie des milliers de fois dans ces déserts
Tenir la main qui conna?t le chemin sur cette terre
Perdus éperdus on espère
Chercher la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
En bout de course
Toucher le ciel
V oir l'essentiel
Chercher la source
Trouver les puits
De l'eau de pluie
En bout de course
Toucher le ciel
V oir l'essentiel
Et dans le Grande Ourse
Ou l'infini
Chercher le sens d'une vie
l'aviateur : - C'est étrange. Ce n'est pas un puits saharien. Tout est prêt, la poulie, la corde, le seau, comme un puits de village. Mais il n'y a aucun village.
le Petit Prince : - Tu entends ? Nous réveillons ce puits et il chante.
J'ai soif de cette eau-là. Donne-moi à boire.
l'aviateur : - C'est doux comme une fête.
le Petit Prince : - C'est beaucoup plus que de l'eau.
l'aviateur : - Elle est née de la marche sous les étoiles, du chant de
la poulie, de l'effort de mes bras…
le Petit Prince : - Elle est bonne pour le c?ur, comme un ca deau.
l'aviateur : - Lorsque j'étais petit gar?on, les lumières de l'arbre de
No?l, la musique de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient tout le rayonnement du cadeau de No?l que je recevais.
le Petit Prince : - Les hommes de chez toi cultivent cinq mille roses dans un même jardin, et ils n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent.
l'aviateur : - Ils ne le trouvent pas.
le Petit Prince : - Et cependant ce qu'ils cherchent pourrait être
trouvé dans une seule rose ou un peu d'eau. Mais les yeux sont aveugles.
l'aviateur : - Il faut chercher avec le c?ur.
le Petit Prince : - Tu ne t'en souviens donc pas ? Si, si, c'est bien le jour, mais ce n'est pas tout à fait ici. Tu n'as qu'à m'attendre, j'y
serai cette nuit. Tu as du bon venin ? Tu es s?r de ne pas me faire souffrir trop longtemps ?
l'aviateur : - Quelle est cette histoire-là ? Tu parles aux serpents maintenant ?
le Petit Prince : - Dessine-moi une muselière pour mon mouton. N'oublie pas, je suis responsable de ma fleur… Mmoui…
l'aviateur : - Tu es injuste, je ne savais rien dessiner que des boas
fermés et des boas ouverts.
le Petit Prince : - Oh ?a ira ! Les enfants savent…
l'aviateur : - Petit bonhomme, tu as donc des projets que j'ignore ?
le Petit Prince : - Tu sais, ma chute sur la Terre, c'en sera demain
l'anniversaire. J'étais tombé tout près d'ici.
l'aviateur : - Alors ce n'est pas par hasard que ce matin je t'ai
rencontré, il y a huit jours. Tu marchais seul, à mille milles de toute
région habitée. Tu retournais vers le point de chute. A cause peut-être
de l'anniversaire ?
le Petit Prince : - Cette nuit, ?a fera un an. Mon étoile se trouvera
juste au-dessus de l'endroit où je suis tombé l'année dernière. Le serpent m'a promis de… m'aider. Tu sais, on aura toujours rendez-vous. C'est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile c'est doux la nuit de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.
l'aviateur : - Bien s?r.
le Petit Prince : - C'est comme pour l'eau. Celle que tu m'as donnée àboire est comme une musique, à cause du chant de la poulie et de la corde. Tu te rappelles ? Elle était bonne.
l'aviateur : - Bien s?r.
le Petit Prince : - Tu regarderas la nuit les étoiles. C'est trop petit
chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. Mon étoile, ce sera pour toi une des étoiles. Et puisque je rirai dans l'une d'elle,
alors ce sera pour toi comme si c'étaient toutes les étoiles. Ce sera comme si je t'avais donné au lieu d'étoiles des tas de petits grelots
qui savent rire.
_ON AURA TOUJOURS RENDEZ-VOUS_
l'aviateur:
Mon Petit Prince qui viens du ciel
Des étoiles et des hirondelles
Tu as su redonner des ailes
A mes illusions de mortel
le Petit Prince:
Moi, je suis tombé de nulle part
Ou d'une planète inconnue
Je repartirai pas hasard
Mais je ne t'oublierai jamais plus
ensemble:
On aura toujours rendez-vous
Dans ces étendues de cailloux
L'essentiel est invisible
Pour les yeux des ames insensibles
le Petit Prince:
Et même si je sors du décor
Et même si j'ai l'air d'être mort
Tu sais ce ne sera pas vrai
Puisqu'on a tous l'éternité
l'aviateur:
On a tous une rose dans le coeur Des volcans qui nous faisaient peur Des tas de couchers de soleil
Nos vieux démons et nos merveilles
ensemble:
On aura toujours rendez-vous Dans ces étendues de cailloux
Où l'essentiel est invisible
Pour les yeux des ames insensibles
l'aviateur:
Nous qui comprenons la vie
Nous nous moquons de compter
le Petit Prince:
Nous on voulait juste un ami
Même s'il faut un jour le laisser
ensemble:
On aura toujours rendez-vous Dans ces étendues de cailloux
Où l'essentiel est invisible
Pour les yeux des ames insensibles
l'aviateur:
Je suis tombé de nulle part
D'une planète inconnue
le Petit Prince:
Je repartirai pas hasard ensemble:
Mais je ne t'oublierai jamais plus
le Petit Prince : - Ne viens pas. J'aurai l'air d'avoir mal. Tu aurais
de la peine. J'aurai l'air d'être mort, et ce ne sera pas vrai. Tu
comprends ? C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps. C'est
trop lourd. Mais ce sera comme une vieille écorce que l'on abandonne.
l'aviateur : - Je ne te quitterai pas.
le Petit Prince : - Ce n'est pas triste, les vieilles écorces. Ce sera
gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles
seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me
verseront à boire. Ma fleur, j'en suis responsable. Elle est tellement
faible. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le
monde. V oilà… C'est tout…
_LE PLUS BEAU ET LE PLUS TRISTE PA YSAGE DU MONDE_
l'aviateur:
Le plus beau et le plus triste
Paysage du monde
C'est celui où il n'est plus
Cette lumière qui se perd
En un éclair
L'espace d'une seconde
Comme quand il est apparu
Mais si un jour
V os voyages vous emmenaient
Dans ce désert
Si vous vous trouvez
Juste sous l'étoile
V ous devinerez qui il est
Alors soyez gentils, ne me laissez pas tellement triste,
écrivez-moi vite qu'il est revenu… Le plus beau et le plus triste
Paysage du monde
C'est celui où il n'est plus
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