Rémusat, Abel (1788-1832). Programme du Cours de langue et de littérature chinoises et de tartare mandchou ; précédé du Discours prononcé à la première séance de ce
cours... le 16 janvier 1815, par M. Abel-Rémusat,.... 1815.
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PROGRAMME
DU COURS
De Langue et de Littérature chinoises
^et de Tartare-Mandchou ;
PRÉCÉDÉ
Du Discours prononcé à la première Séance
de ce Cours, dans Pune des Salles du Col~
ïêjgéroyal de France, le 16janvier I8I5.
PAR M. ABEL-RÉMUSAT,
Docteur en Médecine de la Faculté de Paris , Lecteur
_v^;»rjrr^s^ et Professeur royal.
A PARIS,
CHEZ;CHARLES . IMPRIMEUR,RUEDlUÏHINEÎ N°.56.,
I8I5.
DISCOURS
SUR VOrigine y les Progrès et P Utilité
de la Culture du Chinois en Europe.
jVI ESSIEURS,
Si, comme les célèbres Professeurs dont
les savantes voix ont coutume de retentir
dans cette enceinte, j'étais appelé à par*
courir avec vous ces séries de faits aux-
quelles là rigoureuse précision de leurs ré-
sultats a mérité le nom de sciences exactes ;
si je devais développer, pour ainsi dire -, à
vos jeux les beautés des grands Écrivains de
Rome ou de la Grèce, enfin s'il me fallait
diriger vos pas dans le champ déjà fertilisé
de la littérature des Persans ou des Arabes .,
ma tâche , sans doute , serait plus difficile
que celle qui, m'est imposée ; mais aussi la
marche que j'aurais à suivre serait tracée
d'avance. Instruit par les leçons et par les
i
, (4)
exemples du maître auquel j'aurais à succé-
der j tous mes efforts tendraient à me rap-
procher du modèle qu'if m'aurait offert ; et
si l'insuffisance de mes talens me forçait à
rester loin derrière lui, l'intérêt du sujets et
cette sorte de caractère classique que portent
des études depuis long-temps accréditées,
me dispenseraient d'user d'aucune précau-
tion pour prévenir vos esprits en faveur de
l'objet de nos travaux communs ; il me suf-
firait "d'entrer en matière pour être assuré
d'une attention qui serait une ample récom-
pense de mes efforts.
Telle n'est pas à beaucoup près la situation
où je me trouve. Admis, par une grâce ines-
pérée du Souverain , dans ce Collège royal,
noble et durable monument de la munifi-
cence du Restaurateur des lettres, dans ce
Collège où ce que la France a déplus illustre
est réuni pour enseigner ce que les belles-
lettres ont de, plus difficile, et les hautes
sciences de plus relevé; déjà pénétré du sen-
timent de ma faiblesse en me plaçant à côté
de tant d'hommes supérieurs , une autre
cause vient ajouter encore à mon embarras.
Nous allons : aborder une, terre déserte et
presque en friche; La langue dont nous nous
( s )
occuperons dans ce cours n'est connue que de-
nom eiSEurope. A peine-, depuis deux cents
ans , quatre ou cinq savans laborieux, dans
cette partie du monde , en ont acquis une
entière connaissance , et c'est pour la pre-
mière fois qu'elle est l'objet d'une réunion
de personnes studieuses. Parmi les gens de
lettres actuellement vivans , deux ou trois
tout au plus y ont fait dès progrès réels : de
grandes distances les séparent de nous. Nous
n'avons aucun modèle à suivre y aucun conseil
à espérer ; nous devons, en un mot, nous
suffire à nous-mêmes , et tout puiser dans
notre propre fonds. Bien plus, l'approche
de cette branche de la littérature orientale
a, jusqu'à ce jour, été défendue par mille
préjugés capables d'en écarter tous ceux que
n'animaient pas une volonté bien ferme et
un courage à toute épreuve. Une prévention
générale , le dirai-je même , une sorte de ri-
dicule s'est attachée au nom seul du peuple
dont nous allons étudier la langue. L'idée
qu'on se forme de la difficulté de cette langue
n'est surpassée que par celle qu'on a de sa
bizarrerie. Et qui pourrait s'empêcher de
taxer d'imprudence et de témérité l'homme
qui s'engagerait dans une étude si épineuse ,
(6)
sans; être assuré d'y faire quelques progrès',
et d'être un-jour suffisamment réc^ppensé
de ses peines ? Avant donc de hasarder les
premiers pas dans cette carrière si peu fré-
quentée , il convient de jeter un coup d'oeil
rapide sur ces différentes opinions , afin de
juger ce qu'elles ont de réel ou d'exagéré.
G?est à cet examen que sera consacrée cette
première séance.
'
EN remontant aux motifs dont furent ani-
més ceux d'entre les Européens qui, les pre-
miers , se livrèrent à l'étude de la langue des:
Chinois , on reconnaît que les principaux et
les plus puissans ont été le désir de propager
le christianisme chez cette nation, et le be-
soin d'approfondir ses" opinions religieuses
pour les combattre. Aussi la connaissance
du Chinois fut-elle d'abord le partage ex-
clusif des missionnaires. Plusieurs savans
très-distingués > qui: avaient entrevu l'utilité
qu'on pouvait retirer de cette littérature si
nouvelle pour l'Occident , se contentèrent
d'en exalter le mérite par leurs éloges , ou
n'ajoutèrent que des erreurs aux documens
fournis par les ouvriers évangéliques.
Mais, vers le milieu du dix-septième siècle^
(7)
la querelle qui s'éleva entre les Jésuites et les
Dominicains, au sujet des cérémonies prati-?
quées,à la Chine en Fhonneur de Confucius
et des ancêtres, ayant donné naissance à une
foule d'écrits contradictoires , la renommée
des Chinois devint populaire ; les questions
qui les concernaient passèrent des religieux
aux savans du siècle. A cette époque , tin
hasard heureux avait réuni, dans la mis-
sion de la Chine, un nombre considérable
d'hommes non moins r.ècommandables par
leur science, que par leur piété ;, et ces
hommes , nous pouvons Te remarquer ici,
étaient tous Français. Lés Pères Bouvet,
Gerbillon, Lecomie , Couplet, Gaubil, Vis-r
delou , Prémare , Parennin, et beaucoup
d'autres , donnèrent à la mission un éclat
scientifique qu'elle n'avait pas encore .eu.
Leurs ouvrages attirèrent l'attention du publie
et des gens de lettres sur cette Chine dont
ils racontaient tant de merveilles. La défiance
même qu'inspira l'enthousiasme de quelques-
uns d'entr'eux, eut son utilité , en ce qu'elle
fit sentir la nécessité de comparer, de dis-
cuter et d'approfondir 1ce que leurs relations
semblaient contenir de hasardé, de contra-
dictoire % ou de peu judicieux. En un mot,
(8)
C'est aux missionnaires de notre nation, ou
plutôt c'est à la France, que la littérature
chinoise est redevable de ses premiers succès
en -Europe ; mais elle ne tarda pas à lui avoir
des obligations encore plus grandes.
- Un Monarque , au nom duquel se rat-
tache toute la gloire littéraire de la France r
Louis XIV, protecteur éclairé des lettres et
des arts , peut être regardé comme le véri-
table fondateur de la littérature chinoise en
Europe. 11 voulut qu'on profitât de la pré-
sence d'un lettré , amené à Paris par suite
des dissentions des missionnaires, pour com-
poser et publier des ouvrages élémentaires
propres à répandre dans l'Occident la con-
naissance du Chinois. Il la regardait avec
raison, cette connaissance, comme un moyen
sûr de faire cesser des querelles théologiques,
qui ne reposaient que sur des mal-entendus,
et de faire produire des fruits plus abondans
encore et plus variés à cette mission si bril-
lante alors. Les avantages que les marchands
français qui trafiquaient à. Carton, ne pou-
vaient manquer d'en retirer, et les nouvelles
lumières qui devaient en rejaillir sur l'his-
toire, la géographie, les moeurs , les opi-
nions philosophiques et religieuses des na-
(9)
tioris de l'Asie orientale , furent, pour ce
prince , autant de motifs de plus de soutenir,
et d'encourager une branche naissante de lit-
térature. Fourmont, sorti par son ordre de
sa docte obscurité, s'occupa de travaux pré-
paratoires , qui , s'ils eussent été achevés,
auraient évité à ses successeurs une grande
partie des peines qu'il avait eues lui-même.
Fourmont eut l'honorable tort d'avoir voulu
trop entreprendre. Les Dictionnaires dont il
avait conçu le plan auraient formé dix-huit
volumes in-folio ; la mort le surprit avant
qu'il eût pu même ébaucher ce prodigieux
ouvrage ; mais il laissa quelque chose de plus
précieux dans la personne de ses deux dis-
ciples , Deshauteraies et Deguignes , les seuls
Européens non missionnaires qui aient pu
lire et entendre les auteurs chinois; car que
sont auprès d'eux les Muller , les Hyde, et
Bayer lui-même, qui, vers la fin de sa vie ,
avouait, avec une noble ingénuité, que son
chef-d'oeuvre en ce genre lui faisait honte?
C'est comme on voit à Louis xiv, c'est
encore à la munificence de ses successeurs
qu'il faut rapporter la publication des beaux
et importans ouvrages qui honorent notre
nation, et ont vainement excité l'émulation
( IO)
des autres ; tels que la Grammaire chinoise ,
l'histoire des Huns , celle de la Chine, les
Mémoires de nos missionnaires , les lettres
édifiantes , et la compilation de Duhalde si
souvent mise à contribution par les étrangers
et par nos propres écrivains. C'est Louis xiv
qui a ajouté à nos trésors littéraires cette
mine d'un, produit si riche ,si elle était
exploitée ; cette mine qui nous appartient
par le. plus, noble, des droits, et qui est
devenue nationale par les travaux de nos
compatriotes , mais que nous serions en
danger de perdre et de voir passer à nos voi-
sins , sans l'active prévoyance d'un gouverne-
ment qui ne veille pas moins à notre gloire
qu'à notre bonheur, parce que l'un et l'autre
sont également son bien et son ouvrage!
Le dernier des élèves de Fourmont -,
Deguignes , était mort à la fin du 18e siècle
sans.laisserde successeur. Alors, des horames-
d'un talent, distingué , en Allemagne et eu
Angleterre, songèrent à mettre à profit nos
anciens ti'avaux , a cultiver ce champ que
nous abandonnions , et à moissonner là où
nous avions semé. On fut même sur le point
de voir un savant très-estimable à la vérité,
mais étranger à notre patrie, appelé poui?
C " )
suppléer à ce q'ué Fourmont n'avait pas eu
le temps d'exécuter , et donner au monde
savant le Dictionnaire chinois qu'il attendait
de nous depuis tant d'années. Consultait-on
mieux l'intérêt national, il y a huit ans ,
quand , au lieu d'un dictionnaire complet et
digne de notre réputation en ce genre, on
ordonnait l'impression du Vocabulaire d'un
religieux italien , ouvrage utile sans doute,
malgré ses imperfections, mais où rien ne
nous appartient que le mérite des gravures
et la beauté matérielle du livre , et qui par-
conséquent fait peu d'honneur à notre éru-
tîon, s'il en fait beaucoup à notre typographie?
Autrefois les Français étaient de tous les
Européens les mieux accueillis des Chinois,
qui les trouvaient supérieurs à eux en fran-
chise , et presque leurs égaux en politesse.
Une interruption de près de vingt-cinq ans',
dans les voyages que nos négdcians faisaient
•^nnuelPémerit à Canton , nous aura sans
doute fart perdre'une partie de cette bonne
opinion , et nos voisins auront profité de
cette longue absence , pour recueillir encore
notre héritage. La célèbre àïribassade de
1793 a peut-être vu rester sans succès la prin-
cipale mission dont elle était chargée , mais
( iaj
son effet certain a été d'inspirer aux Anglais
ce goût général pour la Chine et ses pro-
ductions, que nous avons jadis poussé jusqu'à
l'engouement. Elle leur a d'ailleurs fait
voir par leurs yeux une partie de ce qu'ils
n'avaient jusqu'alors aperçu que par l'entre-
mise des missionnaires catholiques. Les nou-
velles relations formées parles Provinces bri-
tanniques de l'Inde avec les contrées limitro-
phes de l'Empire chinois, ont nécessité, ily a
quelque temps, l'établissement d'une école
de langue chinoise à Sirampour, au Bengale.
Là se forment des interprètes pour le com-
merce , et des ministres qui, peut-être, profite-
ront des restes de nos anciennes chrétientés,
s'il en existe encore quelques-uns , pour en
attirer les membres à leur communion. Ainsi
tout, dans l'intérêt des lettres, des missions
et de notre commerce, se réunit pour nous
commander de nouveaux efforts, si nous
ne voulons perdre à jamais nos anciens droits,
et rester en arrière dans cette carrière que
nous avons ouverte , si nous voulons seule-
ment rester simples rivaux, où nous, étions
jadis , seuls et paisibles possesseurs.
RECHERCHONS maintenant pourquoi la lit-
( i3 )
térature chinoise, forte de laprotection des
souverains, n'a pourtant fait en France même
que des progrès très-bornés , et comment il
s'est fait que le nombre des savans qui s'y
sont distingués, ait toujours été si peu consi-
dérable. Nous en trouverons les raisons dans
les obstacles qui se sont opposés et s'oppo-
seront long-temps encore à l'avancement des
études orientales en général, et dans les pré-
jugés particuliers qui ont pris racine en Eu-
rope contre la langue chinoise et le peuple
qui la parle.
Parmi les premiers, il faut compter la rareté
des livres , et la difficulté de se procurer des
textes à étudier. Si les auteurs grecs et latins
n'eussent pas été publiés en original, croit-on
que la connaissance des langues latine et
grecque eût jamais été fort répandue ? Au-
rait-elle pu , comme il est arrivé, servir de
base à nos littératures modernes, si les rnô-
numens écrits dans ces deux langues fussent
demeurés enfouis dans les bibliothèques, et
accessibles seulement à ceux que le hasard
avait placés dans leur voisinage ? Les per-
sonnes qui ont des manuscrits entre les mains
ne sont pas toujours celles qui en font le plus
grand ou le meilleur usage. Ce n'est que
(H)
quand les copies d'un même ouvrage sont
multipliées, quand il est mis, pour ainsi dire,
sous les yeux de tout le inonde, qu'il trouve
des lecteurs, et qu'il finit par être complè-
tement entendu. Qu'elle utilité n'a-t-on
pas retirée de cette collection des notices
et extraits des manuscrits, collection dont
la première idée, due à l'illustre et véné-
rable secrétaire de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres , a tant fructifié par
sa savante et utile influence, et qui peut être
regardée comme un des plus grands services
rendus depuis long-temps aux études histo-
riques et philologiques, dont il est parmi
nous le doyen et le modérateur? Qui pourrait
contester les avantages qui sont revenus aux
étudians des textes épurés , interprétés , et
publiés par M. de Sacy , par ce savant in-
fatigable , que tous ceux qui cultivent les
lettres orientales se glorifient d'avoir pour
maître, et que les étrangers eux-mêmes ont
proclamé le Prince, des Orientalistes de notre
siècle. Cependant, il faut en convenir , l'art
typographique n'a pas encore assez fait pour
les langues de l'Asie occidentale ; pour la
langue chinoise, on peut dire qu'il n'est pas
encore né. L'édition que je prépare, d'un des
' '
C iS)
livres moraux de Confucius, édition qui ser-
vira de texte à la suite de ce cours, sera le
premier ouvrage original publié en Europe.
Je ferai tous mes efforts pour qu'elle soit
suivie de plusieurs autres, car je regarderai
toujours l'impression textuelle des bons li-
vres, comme le plus puissant moyen de ré-
pandre la connaissance du Chinois, et les
soins qu'elle exigera comme un des devoirs
attachés à l'emploi que le Roi a daigné me
confier.
Mais ce qui peut surtout avoir contribué à
éloigner de l'étude de cette langue , ceux-là
même qui peut-être y auraient fait les pro-
grès les plus rapides etles plus considérables,
c'est l'opinion généralement peu favorable
qu'on a conçue des Chinois dans ces derniers
temps. Les récits des missionnaires ont été
/taxés d'exagération par des écrivains, qui
pour paraître impartiaux , ont cru devoir se
jeter dans l'excès opposé; On pourrait avec
moins de vingt volumes prendre sur les Chi-
nois des renseignemens positifs et authenti-
ques : ces volumes sont presque ignorés, et
l'on aime mieux s'en rapporter à quelques
Voyageurs superficiels ou prévenus, qui n'ont
rien vu ou rien appris, et qui ne peuvent
( i6.)
avoir aux yeux de certaines gens , que le
mérité de n'être pas missionnaires. Vingt
fois les reproches faits aux Chinois ont été
repoussés et réfutés victorieusement par des
hommes instruits et respectables : on ne lit
point ces réfutations , et l'on persiste dans
les mêmes accusations.' Ce n'est pas ici le
lieu de les discuter , mais il est pourtant
indispensable de nous arrêter à quelques
points qui concernent la langue et là litté-
rature des Chinois , et qu'il est intéressant
d'examiner, en commençant un cours qui
a cette langue et cette littérature pour objet.
La langue; chinoise est, dit-on , la plus
difficile de toutes, les langues; le nombre de
ses caractères s'élève à près de 100,000; les
lettrés passent toute leur vie à les étudier,
et quand ils sont venus à bout d'en retenir un
certain nombre , l'obscurité d'un idiome en-
tièrement dépourvu de formes grammaticales
arrête encore ceux même qui en savent le
plus. C'est ainsi qu'on fait violence !aux ex-
pressions de quelques Jésuites, pour en tirer
des conséquences exagérées ou entièrement
fausses. Qu'il me soit permis de répondre
à ces assertions par des faits. Peu de temps
après son arrivée à la, Chine , avant qu'on
( 17 )
•
eût composé un seul ouvrage élémentaire,-
le célèbre Mathieu Ricci, fondateur de là,
mission de cet Empire , savait déjà assez
bien le chinois pour composer en cette
langue des traités qui sont encore estimés des
lettrés eux-mêmes , pour la pureté du style et
l'élégance de la diction. Des exemples de c©
genre ne sont pas rares : il n'est presque pas
un seul missionnaire qui ne soit revenu de la
Chine , après quelques années de résidence,
avec une connaissance suffisante de cette
langue , et tous n'étaient pas des Gaubil, des
Verbiest, ou des Amiot. Que si d'autres per-
sonnes , après avoir habité quelque temps à
Canton , se sont trouvées à leur retour en
Europe , hors d'état d'ente
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